2017, année du tourisme durable ou du greenwashing ?

Introduction

En réponse à cet article, de l’Association ATD (Acteurs du Tourisme Durable), qui serait risible s’il n’engageait et décrédibilisait nos 10 années de bénévolat au service de l’écotourisme et du tourisme solidaire, l’Association des Voyageurs et Voyagistes éco-responsable (V.V.E) se devait de réagir.

Les Nations Unies ont décrété que l’année 2017 serait celle du Tourisme durable.
Cela va-t-il changer quoi que ce soit au développement planétaire du tourisme de masse ? La réponse semble clairement être non, notamment au regard de l’accroissement incontrôlé d’une de ses composantes les moins « durables » : Les croisières.

Par ailleurs, comment cette organisation compte-t-elle évaluer les actions revendiquées par les acteurs, souvent autoproclamés, ou « labellisés » au moyen de critères abscons ?
Depuis plusieurs années le monde du « Tourisme durable » français est malade, cadenassé au sein d’un microcosme parisien, situé à la croisée d’intérêts économiques certains.

Plusieurs associations qui se veulent être représentatives du secteur sont dirigées par des administrateurs dont le principal intérêt est de commercialiser, via des entreprises qu’ils dirigent ou les mêmes associations, des services liés à la formation, le consulting, la publication, ou la labellisation…  Un marché lucratif, si l’on en juge par les tarifs pratiqués, notamment pour le décernement d’un «label».
Des intérêts privés qui prennent le pas sur la défense d’une cause, d’idées, d’actions concrètes, cela ne vous rappelle rien ?

V.V.E a maintes fois dénoncé les tromperies de ces labels frelatés qui tendent à valider, faire accepter des pratiques usuelles, n’ayant jamais été pensées dès leur conception pour être "durables".

Les gros Tour-Opérateurs sont évidemment les plus friands de ces derniers qui les exonèrent de changer les procédés de production de leurs voyages.

La crédibilité de ces pseudo-labels semble être le cadet des soucis de ceux qui les produisent ou les proposent…
 

Quelques exemples :

TRANSAT
Le communiqué de presse d’ATD met à l’honneur le Tour Opérateur Transat, qui s’ingénie depuis longtemps à tenter d’intégrer le giron des « bons élèves », sans rien changer, ou si peu, à ses pratiques, évidemment.
Et comme à chaque fois, il nous est joué le refrain de la labellisation.

Travelife serait en passe de labelliser ce Tour Opérateur !
Or, qui se cache derrière le « label » Travelife en France ?
La Société ID – Tourism, dirigée par Guillaume Cromer… Par ailleurs, Président de l’association ATD…
ATD se réjouit de la labellisation de Transat… Évidemment, puisque son président y trouve un intérêt personnel !

Qu’en est-il sur le terrain ? Notamment depuis le rachat de Transat France par TUI.

Au niveau social, la réponse nous semble être donnée par cet article. Rachat, économies d’échelles, plans de départs volontaires, on connaît la musique… Un mode de gouvernance durable ?

Alors, étudions les voyages proposés.

Nous avons trouvé un Tour du Monde en 22 jours, ou encore un voyage en 10 jours à Cuba (10 heures de vol), durant lequel le touriste va passer le plus clair de son temps à rouler d’un point d’intérêt à l’autre, sans s’y immerger un seul instant, et une gamme surréaliste de 30 voyages présentés comme durables…

Ouf, il y en aurait…

À bien y regarder, voilà ce que l’on y trouve :
- 10 séjours en hôtels Clubs 4 ou 5 *en tout compris à la République Dominicaine !
- 8 séjours du même type au Mexique d’une durée de 5 à 7 nuits…
- 8 séjours à l’île Maurice, 3 à la Réunion et un aux Seychelles dans les mêmes conditions.

Et, sans rire, voilà ce qui est "durable":  « De nombreuses animations sont liées à l'observation de la faune et de la flore locales : baignade dans un cenote (puits d'eau douce), balade à vélo, découverte des espèces animales qui élisent domicile dans les jardins de l'hôtel tels que perroquets, paons, iguanes...
L'établissement met également un point d'honneur à faire découvrir la culture maya par le biais d'activités proposées en option ».

CE QUI SE CACHE DERRIÈRE LES HÔTELS-CLUBS EN TOUT COMPRIS :

Des prisons dorées, où les employés proviennent de tout le pays, parce que sur place, les habitants sont, ou bien trop peu nombreux, ou pas formés, voire illettrés.

La côte Dominicaine, comme celle de Cancun ont été privatisées par des chaînes hôtelières internationales, privant les populations locales d’un tourisme qui aurait pu redistribuer des richesses au niveau local, car il est bien connu que 80% des revenus de ce tourisme-là retourne dans les pays émetteurs…

Quelques villageois à proximité profitent de cette manne, en proposant l’accès à Internet moins cher que dans le Resort, ou en offrant un service de bateaux-taxis…

Quand le reste du pays reste sous-développé, avec des routes en mauvais état, des services publics déficients… Ce qui crée des potentats locaux, jalousés par ceux qui n’ont pas accès aux retombées touristiques…

Ce modèle d’hôtels-clubs en tout compris est tout sauf durable, pour ces raisons, et eu égard aux consommations d’eau, aux émissions de CO2 qu’il induit ! De plus, puisque tout est compris dans l’enceinte du Club, pourquoi en sortir ? De toutes les façons, ces structures sont généralement implantées loin des villages… Donc, elles ne génèrent que de très faibles bénéfices pour les populations locales.

CENTER PARC
Selon le même communiqué d’ATD, Center Parc serait également vertueux,
Or la réalité semble être tout autre dès lors que l’on s’intéresse aux réelles implications in-situ.
Nous avons d’ailleurs déjà révélé les effets néfastes de l’installation d’un des parcs du groupe dans une précédente publication reprenant un article de Reporterre.net.
 
LE CLUB MED
Un centre de vacances dans les Alpes « labellisé » Green globe, continue, lui, de distribuer plusieurs centaines de bouteilles en plastique d’un demi-litre d’eau par jour à ses randonneurs, soit plusieurs dizaines de milliers pour une saison de deux mois.

Dans le même centre, ce sont 500 à 700 serviettes par jour qui doivent être lavées pour la seule utilisation de la piscine… Tandis que chaque client consomme allègrement plus de 300 litres d’eau par jour, sans même s’en rendre compte…

Depuis la « labellisation », des postes de barmen ont été supprimés par la mise en place de machines à café avec dosettes…  Il s’agit pourtant de la manière la plus irresponsable de consommer du café, puisque cela génère, d’une part une déforestation importante pour la recherche de la bauxite, et d’autre part un amoncellement de déchets

C’est également la plus chère : Nespresso réalise 70% de marges sur le café vendu par ce biais…
Or ce village-club appartient à un groupe international qui dispose de 80 centres dans le monde.

Imaginez le nombre de dosettes utilisées chaque année, d’autant que les cafés, comme l’ensemble des boissons sont mis à la libre disposition des touristes.

1,2 millions de touristes par an qui consomment au minimum deux cafés par jour, cela donne le chiffre vertigineux de 2,4 millions de dosettes !

Depuis la labellisation de ce centre, l’unique modification visible est une information relative au fait que les pailles dans les verres de jus et sodas ne seront plus distribuées que sur demande expresse… Ce qui aurait pour principal effet de faire réaliser des économies à l’entreprise, si cette mesure était respectée… Les pailles, elles sont dorénavant plus nombreuses dans les océans que les poissons...

La nourriture, quant à elle, demeure internationale, avec des pommes qui proviennent du Chili ou d’ailleurs, en plein été, et qui, au côté des bananes d’Équateur ou des ananas sont les fruits « de saison » proposés aux clients.

En pleine zone de production AOC de fromage, ceux offerts pour les pique-niques proviennent essentiellement des Pays-Bas.

ATR (AGIR POUR UN TOURISME RESPONSABLE)

Dans un article paru récemment sur Voyageons Autrement, il est dit « Et le tourisme durable ? Sûrement pas un vain mot dans la bouche de Vincent Fonvieille (Président d’ATR – gérant de la Balaguère), à se demander d’ailleurs si ce n’est pas l’un des secrets de l’incroyable longévité de son entreprise ».

Article qui lui prête les propos suivants « On dure parce que l’on est durable… ».

Voici le commentaire de l’un des réceptifs membre de V.V.E à propos de la Balaguère :

« Ils ont cherché à travailler avec nous, mais on a abandonné, tant ils cassent les prix.
Le bras droit de M Fonvieille nous avait demandé des nouveaux programmes, que nous avons découverts ensuite sur leur site, mais gérés par leur ancien prestataire.

Quand je l'ai appelé pour lui dire ce que je pensais de ses méthodes, çà ne l'a pas du tout gêné. Alors franchement il y a de quoi douter de leur sincérité ».

Par ailleurs, dans le même article, Vincent Fonvieille déclare « En 1995, après une année difficile, Maurice Freund (Point Afrique) incite le voyagiste à proposer la Mauritanie et à en devenir le spécialiste français. Ce sera déterminant. Jusqu’en 2004, La progression est fulgurante ».

Il avoue donc être l’un des principaux acteurs de la chartérisation du désert, qui a conduit à un grand nombre de sur fréquentations autour des aéroports d’Atar et Chinguetti, à la concentration dans l’espace des voyageurs dans le désert, à la réduction de la durée d’un séjour-type pour ces destinations, à l’affaiblissement des vrais spécialistes (Hommes et Montagnes, notamment), qui, eux, continuaient à promouvoir des voyages de qualité sur des durées plus longues…

Tourisme qui s’est arrêté net au premier événement géopolitique, abandonnant ainsi des dizaines d’équipes de guides locaux, cuisiniers, agences réceptives, etc. à leur triste sort, sans compensations…

Un réceptif algérien m’avouait récemment, avoir une vingtaine de 4X4 neufs, posés sur cales, en attendant un hypothétique redémarrage de l’activité touristique…

Tourisme durable ?

Cette labellisation qui vous trompe

À quoi sert donc une « labellisation » dans ces cas, si ce n’est à grossièrement tromper le consommateur, ou, s’il s’aperçoit de la duperie, lui laisser à penser que de toute façon, tous les opérateurs de voyages sont à mettre dans le même panier ?

 

V.V.E ET SON DOUBLE SYSTÈME D’ÉVALUATIONS

V.V.E profitera de cette année pour développer son outil « anti-greenwashing », notre double système d’évaluations de terrain dont l’objet est d’évaluer les pratiques de terrain, les actions concrètes mises en place, aux niveaux environnemental, économique, et social. 

Du concret, des données réelles observées in-situ sur la base d’une grille d’évaluation reprenant l’ensemble des critères les plus pertinents et exigeants, validés par la Haute école Robert Schumann en Belgique et Sylvain Salamero, membre du Comité des experts de V.V.E, auteur d’une thèse en économie du développement territorial qui montre les impacts du tourisme alternatif sur le développement territorial.

En cette année du tourisme durable, V.V.E mettra en valeur les véritables acteurs des différentes formes de tourisme alternatif, ceux qui, souvent dans l’ombre, et sans recherche de reconnaissance, agissent au quotidien pour faire évoluer les pratiques touristiques vers une conception plus vertueuse.

Pendant ce temps, les représentants de l’Association ATD continueront à se réunir entre eux pour parler d’enjeux qui constitueront une belle façade, dont la vocation est de masquer ce qui se passe en arrière-plan : Le commerce du « durable ».

Quant au communiqué de presse publié par cette dernière, il nous incite à penser que son unique vocation est de profiter de cette année du tourisme durable pour vendre toujours plus de services et labels, via les structures commerciales dirigées par ses administrateurs…

L’année 2017, comme les précédentes, fut donc surtout celle du Greenwashing !

V.V.E dit STOP.

Ce Greenwashing n’est plus supportable pour les véritables Acteurs du tourisme responsable, qui s’engagent par conviction…

Les commentaires reçus

David Cloarec (vendredi, 07 avril 2017 07:35)

Bravo à vous pour cette prise de position ! Le monde économique manque souvent de courage. Intéressé par votre outil anti-greenwashing. Bonne continuation.

·  #2

MahayExpédition Tourisme Solidaire à Madagascar (vendredi, 07 avril 2017 07:38)

J'ai assisté à deux jours de colocs à Antananarivo organisé par l'union des agences de voyage Françaises où le président de ATR a proposé une conférence sur le tourisme durable.

Il m'a demandé d'intervenir ce que je me suis retenu de faire. Pourquoi ? Quand on écoute leur propos et que pendant 1h on assiste à des discours aseptisés sans qu'à aucun moment on parle des réceptifs locaux et encore moins de l'impact du Tourisme sur les populations locales ..., cela me fait peur.

Oui, cette année 2017 est une belle mise en avant de leur business, d'une forme de Greenwasking affirmée, de budgets colossaux dilapidés !

·  #3

Mél That'sAll AMICA TRAVEL (vendredi, 07 avril 2017 07:40)

un article intéressant à lire pour prendre conscience des dérives du tourisme responsable au profit de bénéfices et rendements juteux... s'en inspirer pour pour réaliser l'importance des investissements et actions, de l'agence, réalisées ainsi que celles à venir

 

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